La célébration à l’église des funérailles d’un non baptisé

Pour nos frères et sœurs défunts et pour tous ceux qui ont quitté ce monde
et trouvent grâce devant toi, nous te prions :
en ta bienveillance, accueille-les dans ton Royaume,
où nous espérons être comblés de ta gloire, tous ensemble et pour l’éternité,
par le Christ, notre Seigneur, par qui tu donnes au monde toute grâce et tout bien.

Prière eucharistique n°3

L’Eglise a toujours porté les défunts dans sa prière, pas seulement les défunts baptisés. Le cas de funérailles à l’église d’un non-baptisé est une question nouvelle. Par respect pour le défunt, cette situation n’est pas envisageable pour une personne qui a refusé explicitement le baptême ni pour une personne membre d’une autre religion. Par "funérailles d’une personne non-baptisée" nous n’entendons pas le cas de funérailles d’une personne catéchumène (adulte se préparant au baptême) ni le cas d’un petit enfant pour lequel existait un projet ferme de baptême.
La célébration des funérailles que nous envisageons est donc motivée par le fait que des personnes sollicitent l’Eglise catholique afin d’honorer la mémoire et de prier publiquement pour un non-baptisé qui n’était pas hostile au catholicisme.

Eléments de discernement

  1. Si la personne défunte était catéchumène, elle reçoit les funérailles chrétiennes.
  2. La demande ne doit pas aller contre les convictions religieuses et volontés connues du défunt.
  3. On respectera le fait que la personne n’avait pas souhaité recevoir le baptême (on ne fait pas comme si elle était baptisée)
  4. Les chrétiens prient pour les défunts, ils ne prient pas seulement pour les défunts baptisés.
  5. Lorsque l’Eglise catholique accueille un défunt et sa famille pour un temps de prière, elle ne peut le faire autrement que selon l’espérance dont elle témoigne. C’est donc une prière chrétienne qui est célébrée, accueillant avec délicatesse les non-chrétiens qui pourraient y prendre part.
  6. Dans la célébration habituelle des funérailles chrétiennes, la lumière près du cercueil et l’aspersion d’eau bénite sont des rappels du baptême. L’encens rappelle l’appartenance au Christ. Par conséquent, les gestes de l’illumination du cercueil, de l’aspersion et de l’encensement ne sont appliqués que sur la dépouille d’une personne qui avait reçu le baptême.
  7. Les gestes qui rappellent le baptême, par respect pour la vérité de la personne, ne pourront donc pas être employé pour une prière chrétienne à l’occasion de funérailles d’un non-baptisé. On veillera à adapter les prières et monitions pour ne pas insinuer le baptême ou du foi que le défunt n’a pas désiré célébrer ou professer.
  8. Durant la célébration, on veillera à l’accueil du défunt et de sa famille. On pourra proposer de marquer l’affection par un dépôt de fleurs au début de la célébration (sauf si l’on préfère envisager ce geste pour l’adieu en fin de célébration). Si on l’estime pertinent, on pourra allumer et déposer une bougie sur l’autel ou auprès de la statue de la Vierge Marie. En geste d’adieu, il sera possible de passer s’incliner devant le cercueil ou d’y poser la main, les baptisés pourront tracer sur eux le signe de la croix.
  9. On réfléchira sur l’opportunité éventuelle en certaines circonstances de proposer qu’une célébration à l’église puisse avoir lieu après l’inhumation (après l’inhumation, les chrétiens peuvent se retrouver à l’église avec tous ceux qui le désirent)

Pour aller plus loin : la question du salut des non-baptisés.

Cet extrait du Concile Vatican II (constitution "Gaudium et spes" n°22) présente des éléments qui peuvent nous éclairer.

Le Christ, homme nouveau
1. En réalité, le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné. Adam, en effet, le premier homme, était la figure de celui qui devait venir, le Christ Seigneur. Nouvel Adam, le Christ, dans la révélation même du mystère du Père et de son amour, manifeste pleinement l’homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation. Il n’est donc pas surprenant que les vérités ci-dessus trouvent en lui leur source et atteignent en lui leur point culminant.
2. « Image du Dieu invisible » (Col 1, 15), il est l’Homme parfait qui a restauré dans la descendance d’Adam la ressemblance divine, altérée dès le premier péché. Parce qu’en lui la nature humaine a été assumée, non absorbée, par le fait même, cette nature a été élevée en nous aussi à une dignité sans égale. Car, par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme. Il a travaillé avec des mains d’homme, il a pensé avec une intelligence d’homme, il a agi avec une volonté d’homme, il a aimé avec un cœur d’homme. Né de la Vierge Marie, il est vraiment devenu l’un de nous, en tout semblable à nous, hormis le péché.
3. Agneau innocent, par son sang librement répandu, il nous a mérité la vie ; et, en lui, Dieu nous a réconciliés avec lui-même et entre nous, nous arrachant à l’esclavage du diable et du péché. En sorte que chacun de nous peut dire avec l’Apôtre : le Fils de Dieu « m’a aimé et il s’est livré lui-même pour moi » (Ga 2, 20). En souffrant pour nous, il ne nous a pas simplement donné l’exemple, afin que nous marchions sur ses pas, mais il a ouvert une route nouvelle : si nous la suivons, la vie et la mort deviennent saintes et acquièrent un sens nouveau.
4. Devenu conforme à l’image du Fils, premier-né d’une multitude de frères, le chrétien reçoit « les prémices de l’Esprit » (Rm 8, 23), qui le rendent capable d’accomplir la loi nouvelle de l’amour. Par cet Esprit, « gage de l’héritage » (Ep 1, 14), c’est tout l’homme qui est intérieurement renouvelé, dans l’attente de « la rédemption du corps » (Rm 8, 23) : « Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts demeure en vous, celui qui a ressuscité Jésus Christ d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels, par son Esprit qui habite en vous (Rm 8, 11). Certes, pour un chrétien, c’est une nécessité et un devoir de combattre le mal au prix de nombreuses tribulations et de subir la mort. Mais, associé au mystère pascal, devenant conforme au Christ dans la mort, fortifié par l’espérance, il va au-devant de la résurrection.
5. Et cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ, mais bien pour tous les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal.
6. Telle est la qualité et la grandeur du mystère de l’homme, ce mystère que la Révélation chrétienne fait briller aux yeux des croyants. C’est donc par le Christ et dans le Christ que s’éclaire l’énigme de la douleur et de la mort qui, hors de son Évangile, nous écrase. Le Christ est ressuscité ; par sa mort, il a vaincu la mort, et il nous a abondamment donné la vie pour que, devenus fils dans le Fils, nous clamions dans l’Esprit : Abba, Père.

Proposition adaptée pour rendre grâce et introduire le Notre Père

Dieu notre Père, nous te rendons grâce.
En te présentant et en te confiant N. aujourd’hui dans ce lieu
tu nous invites à croire en ton amour et ta tendresse.

Voilà que nos années, riches de souvenirs,
se révèlent à nous plus profondes et plus belles,
comme la trace ineffaçable de ton passage dans nos vies
quand nous les regardons éclairées de la lumière de ton amour.

Nous voyons alors que tu ne fais pas de différence entre les hommes et que tu les appelles à vivre dans ton amour pour toujours.

Dans la foi en ton Fils Jésus crucifié,
nous savons que tu es venu rejoindre chaque homme au plus profond de sa vie, jusque dans sa souffrance et sa mort.
Par la foi en ton Fils ressuscité, nous savons que la mort a été vaincue.

C’est pourquoi,
avec tous ceux qui nous ont précédés et qui vivent en toi,
ceux dont nous avons connu le visage et qui ont reconnu ton visage,
pour N., au nom de notre foi en Jésus Christ,
nous pouvons te prier tous ensemble avec les mots que le Sauveur nous a laissés :
Notre Père...