Liturgie, musique et sacrements
Nouvelle traduction du Missel Romain
Cette page vous offre diverses ressources pour découvrir la nouvelle traduction française du Missel Romain ainsi que diverses ressources (textes et vidéos) pour former jeunes et adultes.
Le Missel Romain : de quoi s’agit-il ? pourquoi des changements ? quels changements ?
Qu’est ce que le « Missel Romain » ?
Depuis le 1er dimanche de l’Avent, des éléments de notre prière de la messe connaissent de nouvelles formulations. Il y a quelques mois, les évêques des pays francophones ont validé, en lien avec la Congrégation pour le culte divin (Vatican), une nouvelle traduction du Missel Romain. Le « Missel Romain » est un des livres majeurs au service de la liturgie de l’Église. Il contient des indications sur l’art de célébrer et surtout les textes des prières pour la célébration de la messe les dimanches, jours de fêtes et tout au long de l’année.
Il est organisé en plusieurs parties, selon la structure de l’année liturgique (Avent, Noël, Carême, Semaine Sainte et Pâques, Temps ordinaire, fêtes des Saints) et il honore les circonstances particulières de nos vies et de la vie du monde. S’y trouve donc notamment le « gloire à Dieu », « je crois en Dieu », les prières eucharistiques, etc.
Assez rapidement dans l’histoire de l’Église, les communauté se sont dotées de recueils de prières et d’indications sur la façon de célébrer. Au fil des siècles, ces collections ont reçu des ajouts, des adaptations. A plusieurs reprises, des reformes plus grandes ont eu lieu, ainsi sous Charlemagne ou au XVIème siècle en application du Concile de Trente. Dès la fin du XIXème siècle la perspective d’une reforme du Missel Romain devient une demande importante des évêques afin de favoriser la vie spirituelle du peuple chrétien. De plus, cette époque avait permis la redécouverte de nombreuses sources anciennes et variées. C’est ainsi que le Pape Pie XII avait réformée la célébration de la semaine sainte dans les années 50.
Lors du second Concile du Vatican (1962-1965), les évêques du monde énonçaient des principes et des critères pour une réforme de l’ensemble des livres liturgiques dont les Lectionnaires, les Rituels, la Liturgie des Heures et... le Missel Romain !
C’est le pape St Paul VI qui promulguât le Missel Romain, 400 ans après la réforme de St Pie V. Dans la suite de son lointain prédécesseur, il voyait dans le Missel un instrument pour l’unité liturgique et un témoin du culte authentique de l’Église. Ce missel a connu quelques modifications en 1975 (2ème édition) puis d’autres en 2002 (troisième édition). Le texte original étant publié en Latin, il a semblé bon au Siège Apostolique de reprendre largement le travail de traduction dans les différentes langues. La présentation (introduction) du Missel en Français avait déjà été publiée en 2007, elle contenait des précisions sur des gestes et attitudes pendant la messe, dont l’importance du silence et la participation active des fidèles.
Pourquoi une nouvelle traduction ?
Le Missel Romain promulgué par St Paul VI s’inscrit dans la Tradition vivante de l’Église. Quelques aménagements ont eu lieu sous le pontificat de St Jean-Paul II, notamment les nouveaux saints, qui ont donné lieu à une nouvelle « édition typique » en latin en 2002. Comme toute langue évolue avec le temps, il apparaissait nécessaire de retoucher la traduction réalisée en 1970. Nous avons en mémoire qu’il y a moins de 10 ans nous avons accueilli une nouvelle traduction liturgique de la Bible ; il y a quelques années c’est une phrase du Notre Père qui connaissait une modification de traduction. La promulgation de la nouvelle édition latine du Missel Romain offrait la possibilité de réaliser une nouvelle adaptation en langue française.
Depuis, un long travail de traduction a débuté dans diverses langues. En français, ce travail a duré une quinzaine d’année. Le Saint Siège tenait à ce que les traductions soient les plus proches possible de l’original. L’équipe travaillait avec : le texte latin, la traduction de 1970, une traduction mot à mot et l’élaboration d’une nouvelle. Si le texte français en disait plus que l’orignal alors il fallait l’élaguer, s’il avait omis des éléments il fallait les rajouter. Tout devait aussi être formulé dans un style audible, apte à être chanté, et avec une cohérence sur l’ensemble de l’ouvrage.
En 2017 Le Pape a un peu modifié les normes de traduction ce qui a invité à reconsidérer certains éléments. François invitait les traducteurs à une triple fidélité : au texte original, à notre langue, et à la compréhension des fidèles.
C’est le fruit de ce long et complexe travail qui va colorer et impacter la façon dont notre prière commune répond à Dieu. Les mots de la prière officielle de l’Église sont des mots choisis pour exprimer le plus justement la foi de l’Église, ils s’enracinent dans la parole de Dieu.
Selon la coutume, lorsqu’une modification importante entre dans la célébration de la liturgie de l’Église, nous tâchons de la mettre en place à une date qui débute une période. Cette nouvelle traduction entrait ainsi en usage le 1er Dimanche de l’Avent (28 nov.), c’est à dire le premier jour de l’année liturgique.
Dans un premier temps des feuilles nous aident à parler d’une même voix. Les mots de la liturgie expriment la foi de l’Église et participent de la relation du Christ à son corps qui est l’Église. Des mots nous raviront d’autres nous étonneront peut être ; il faudra un peu de temps pour s’y faire. Ces mots deviendront nôtres.
Qu’est ce qui change avec la nouvelle traduction du Missel Romain ?
Il y a quelques rééquilibrages, des enrichissements et des modifications qu’il nous revient d’accueillir. Les mots que l’Église place sur nos lèvres - et dans nos cœurs - pour la célébration de l’eucharistie sont précieux ; ils sont pétris de l’Écriture, portés par la Tradition vivante ; ils façonnent notre vie spirituelle et notre célébration commune. La messe n’est pas une affaire personnelle, elle n’est pas non plus l’affaire du prêtre, elle est l’expression et le déploiement de la pâque de Jésus-Christ qui nous associe à sa vie. Quelques éléments concrets :
- la conclusion des prières : la proclamation de Jésus vivant sera plus explicite.
- le latin aime déployer quelques insistances qui peuvent parfois passer pour des redondances en français, les traducteurs ont ainsi tenté de rendre compte du cœur que nous mettons dans notre prière.
- l’ajout du terme « sœurs » a plusieurs endroits en apposition à « frères ». Je reconnais devant vous frères et sœurs que j’ai péché
- ce que nous traduisions souvent par « amour » recouvrait plusieurs termes latins, c’est ainsi que le mot « tendresse » va prendre place.
- un terme du « Je crois en Dieu » sera plus juste théologiquement (même si c’est difficile à comprendre) dans l’expression du lien intime entre le Père et le Fils. (de même nature que le Père devient consubstantiel au Père)
- le renouvellement de la préparation des dons avec une prière que nous n’avions pas en français et qui manifeste que Dieu est la source à qui nous (fidèles laïcs & fidèles ordonnés) répondons par l’offrande en vue du bien. Priez, frères et sœurs ; pour que mon sacrifice et le vôtre soit agréable à Dieu le Père tout puissant
Que le Seigneur reçoive de vos mains ce sacrifice à la louange et à la gloire de son nom, pour notre bien et celui de toute l’Eglise - « pour ta gloire et notre salut » est ajouté au début de chaque préface, comme une invitation à entrer dans la prière eucharistique avec davantage de gratitude et d’admiration.
- Dans le récit du dernier repas, la nouvelle traduction remplace « il le bénit » par « il dit la bénédiction » pour mieux exprimer l’attitude profonde du Seigneur.
- Les acclamations de l’assemblée après le récit du dernier repas connaissent quelques modifications. Il nous faudra les apprendre !
Il est grand le mystère de la foi : nous annonçons ta mort, Seigneur Jésus. Nous proclamons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire.
Qu’il soit loué le mystère de la foi : Sauveur du monde, sauve-nous ! par ta croix et ta résurrection tu nous as libérés ! - La prière qui suit le Notre Père évitera que l’on pense « le bonheur que tu promets » « et l’avènement de Jésus » comme deux choses séparées, et dira « la bienheureuse espérance : l’avènement de Jésus ».
- à plusieurs endroits le mot « péchés » remplacera « pécheurs » pour bien marquer que c’est pour des actes concrets que nous demandons pardon. (Exemple dans le Gloire à Dieu : Toi qui enlèves les péchés du monde, prends pitié de nous).
- l’invitation avant la communion commencera par l’admiration envers l’Agneau de Dieu qui est la source de notre bonheur d’être « invités aux noces de l’Agneau ». La référence biblique au festin de l’apocalypse sera plus explicite. "Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui enlève les péchés du monde. Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau ! …
- le choix entre 4 formules d’envoi (déjà en œuvre) est confirmé. Allez dans la paix du Christ / Allez porter l’Evangile du Seigneur / Allez en paix, glorifiez le Seigneur par votre vie / Allez en paix
Pour chanter....
Merci au diocèse de Tours pour le travail réalisé afin de présenter les parties chantées.
Merci au diocèse de Namur pour ces vidéos et [-pour la page de son site dédié à ce thème>https://liturgie.diocesedenamur.be/...] on y trouve partitions et enregistrements.
Pour approfondir (servants d’autel)
Web série "Plus belle la messe", pour faire découvrir aux servants d’autel la nouvelle traduction du Missel Romain
prochaine vidéo samedi prochain !
Quelques "mots" du Missel
Les mots du Missel : « consubstantiel »
En récitant le Symbole de Nicée-Constantinople, nous avions pris l’habitude de dire que le Fils est « de même nature que le Père ». Pas simple de dire en français ce qui était en latin pour rendre compte d’un mot forgé en grec ! En 325, les Pères du Concile de Nicée devaient rendre compte de ce lien très particulier et unique entre le Père et le Fils au moment où certains prétendaient que Jésus était inférieur à Dieu. Les évêques ont donc emprunté à la culture grecque une notion que le latin a traduit comme « consubstantiel » (de la même « substance », de la même « essence »). Ainsi on disait que Jésus n’est pas inférieur, il n’est pas une « créature », qu’il tient tout du Père de toute éternité, qu’il lui est tout proche et distinct. Voilà pourquoi le même texte de profession de foi, précise « engendré non pas créé ». Lors de la première traduction liturgique du Je crois en Dieu, il y avait eu un grand débat et une hésitation entre « de même nature » et « consubstantiel ». Les deux expressions ne sont pas évidentes à entendre, le mot nature est devenu piégé dans notre compréhension collective car il ne renvoie plus tant à l’être profond (de la chose ou d’une personne) qu’à la description de l’écosystème. Dieu le Père et Jésus le Fils sont non seulement de même nature, mais aussi de même substance car ils sont un seul et même Dieu. En plaçant le mot « consubstantiel » sur nos lèvres, l’Église est héritière et fière de ces débats lointains qui ont leur résonance au plus profond de nos cœurs : croire que la Personne de Jésus est vrai Dieu et vrai homme, dans un lien particulier et unique avec le Père Les évangiles contiennent de nombreux témoignages de cette découverte et cette admiration pour Jésus. La suite du Je crois en Dieu dira aussi cette somptueuse proximité (différente) que le Fils unique a avec notre humanité, puisque « par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme ».
Les mots du Missel : « Mystère »
L’antiquité chrétienne avait une grand habitude d’utiliser le mot « mystère » ; durant le XXème siècle il a semblé important de lui donner davantage de place dans les énoncés de notre foi et dans notre prière. C’est à l’origine un mot grec qui fut traduit en latin par « sacramentum ».
Ce terme veut désigner une réalité dynamique que nous n’aurons pas fini de goûter et que nous ne pouvons pas prétendre épuiser. Cela n’a donc rien de louche ou d’obscure ! Fondamentalement, le « mystère » de notre foi c’est cette réalité dynamique de la passion, la mort, la résurrection, l’ascension et l’Esprit répandu. Lors de la célébration de la messe, nous célébrons donc non pas un souvenir mais une intensité inépuisable de vie en laquelle le Christ nous saisit.
Ainsi, quand nous entendons « préparons nous à célébrer le mystère de l’eucharistie », cela nous indique que la messe est une réalité inépuisable et vivifiante.
Les mots du Missel : « Sacrifice »
Ce terme était présent de la traduction précédente du Missel, pour autant, il l’est bien davantage dans la nouvelle. La valeur du sacrifice de Jésus, tient moins à la souffrance qu’à l’amour qui l’accompagne ! La notion de « sacrifice » est très importante dans l’Ancien Testament. Le peuple (ou une personne) offre de ce qu’il a pour manifester à Dieu sa confiance, son action de grâce, son regret… il renonce et offre ce qu’il a pour tâcher de manifester en acte ce qu’il vit dans son cœur. Une très large part de la critique des prophètes et de la critique de Jésus dénonce cette distance entre le geste du sacrifice et l’existence offerte. Il y a une sorte d’hypocrisie ou de mensonge quand nos gestes, nos paroles et nos intentions ne sont pas cohérents. Avec la destruction du Temple de Jérusalem, la pratique de certains sacrifices va s’arrêter.
Dans le Nouveau Testament, le mot sacrifice est très peu employé. En effet, aux sacrifices rituels du Temple (et la destruction du Temple va abolir de nombreuses pratiques) va se substituer un sacrifice nouveau, unique et plus grand : le sacrifice existentiel du Christ. Le Christ n’est pas un intermédiaire comme l’était le grand prêtre, il est un médiateur. Comme dit une des préfaces de la messe, Jésus est « l’autel, le prêtre et la victime ». A sa suite, pour les baptisés, il s’agit de faire de sa vie une offrande. Cette offrande ne fait pas nombre avec celle de Jésus, elle nous inscrit en lui. C’est cela que le Nouveau Testament nomme le « sacrifice spirituel » ; il consiste à une vie qui se conforme à celle du Christ en vivant de son Esprit. Ainsi en communiant au sacrifice du Christ, nous lui sommes associés dans la puissance de sa vie qui est librement offerte (pas subie !) par amour de Dieu et des frères.
Les mots du Missel : « la bienheureuse espérance »
Dans la prière qui suit le notre Père, nous entendions « en cette vie où nous espérons le bonheur que tu promets et l’avènement de Jésus Christ, notre Sauveur ». Cette formule pouvait laisser comprendre que le « bonheur » était une chose distincte de « l’avènement de Jésus Christ ». La nouvelle traduction indique bien que notre bonheur en plénitude est indissociable du salut. La formule sera désormais : « nous qui attendons que se réalise cette bienheureuse espérance : l’avènement de jésus Christ notre Sauveur ». Comme bien souvent les mots de notre prière proviennent pour une large part de l’Ecriture ; désormais nous percevrons de manière plus limpide la référence à la belle formule que St Paul adresse à Tite (2, 13) : « attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus-Christ ».
Les mots du Missel : « Frères et sœurs »
Ce n’est pas tant en raison d’une délicatesse spécifique que le terme « sœurs » prend place dans les textes du Missel. Certes en français la règle et l’usage sont un peu différents bien qu’en rigueur l’usage du masculin n’exclue pas nécessairement le féminin, bien au contraire. Il convenait tout de même de rendre cela plus perceptible. Il en va de même pour l’usage « hommes » et « femmes ». Cette exigence était plus vive en d’autres pays francophones. Pour autant, le texte latin, contenait déjà plusieurs énoncés joignant masculin et féminin. Ainsi les mots "serviteurs" et "servantes" qui n’étaient qu’au masculin en français seront désormais pleinement exprimés dans la prière. Lors de la première traduction, certainement que l’usage du terme "serviteur" pouvait passer pour dégradant du fait d’éventuelles connotations sociologiques, cette limite ne semble plus actuelle. Il y a aussi l’un ou l’autre ajout spécifique à la version francophone ; ainsi dans le "je confesse à Dieu" où nous ajoutons "sœurs". A l’une des prières pour des défunts, la précédente traduction avait mis du masculin là où la formule latine n’en mettait pas. Ainsi nous n’aurons plus « nos frères qui sont morts » mais « ceux qui sont morts » (prière eucharistique n°4). Il est aisé de percevoir en cette question la triple fidélité à laquelle le Pape rendant attentif dans l’exercice de la traduction : la fidélité au texte original, la fidélité aux potentialités spécifiques de notre langue et de la fidélité au peuple qui participe à la prière de l’Église.
peut être... d’autres "mots"... bientôt !
Des ressources pour approfondir (adultes)
"Découvrir la nouvelle traduction du Missel Romain"
Auteur : Association épiscopale liturgique pour les pays francophones
éditeur : MAME / 124 pages /5,95€
"Présentation du nouveau Missel Romain en langue française"
Auteur : Congrégation Pour Le Culte Divin (Préface : Robert Sarah)
éditeur : ARTEGE / 108 pages / 4,90€
"La nouvelle traduction du Missel Romain", La Maison-Dieu n°305, septembre 2021
éditeur : LES EDITIONS DU CERF / 220 pages /15€
Site internet dédié à la nouvelle traduction du Missel Romain avec particulièrement des vidéos du P. Henri Delhougne qui présente le travail réalisé ainsi que plusieurs modifications.
Articles du site Aleteia Les 10 choses qui changent pour les fidèles, Une petite histoire du Missel Romain, Pourquoi éditer une nouvelle traduction ?, "de même nature que le Père" devient "Consubstantiel au Père", "Le péché du monde" devient "les péchés du monde", l’ajout de soeur dans le missel : concession faite au féminisme ou fidélité au texte latin ?, Un regard neuf sur le Mystère de l’Eucharistie, A quoi sert le Missel Romain, La nouvelle longue formule que les fidèles doivent mémoriser,
"Essai d’histoire Traduire la liturgie"
Auteur : Florian Michel
éditeur CLD éditions /257 pages / année 2013 / 18€