Pour célébrer Jésus-Christ, l’Église francophone dispose de très nombreux chants religieux. Car personne n’avait prévu en 1963, au sortir du Concile, la quantité et la diversité actuelle des chants liturgiques. De même, personne ne sait aujourd’hui avec certitude ce que l’on chantera dans dix ans. Ce qui doit inviter à la prudence et à la tolérance, sans jamais exclure l’exigence, notamment des paroles.

Plusieurs typologies ont été dressées. Celle qui est présentée ici inventorie les différents styles actuellement à notre disposition et n’a donc d’autre ambition que d’y voir un peu clair dans les 12 000 chants liturgiques ou religieux, répertoriés par le SECLI, “du grégorien… à Glorious”, alors qu’une paroisse en utilise moins de 200 par an , voire moins de 100. Aussi, d’une manière très schématique, peut-on distinguer :

Les chants "paraliturgiques"

Plutôt destinés aux veillées, certains peuvent néanmoins trouver aussi leur place dans des célébrations, notamment, dans un souci pédagogique et mystagogique, pour les enfants ou pour les jeunes. “Vis le peu de ce que tu as compris de l’Évangile” aimait à répéter frère Roger.

  • Les groupes récents : Aquero, Glorius, Exo, Totus, etc. (cf Il est vivant n° 196, bien documenté sur ce sujet), mais aussi, dans notre diocèse, le Gam’s, Oremus, Unis-son, etc.
  • Les chanteurs chrétiens : Artaud, Bourel, Gianada, Grzysbowski, Morandeau, Richard, etc. Mais aussi les chants du Mej ou du Frat (cf. le livret du Pélé jeunes 49 à Lourdes).
  • Les chants de la catéchèse, diffusés notamment par la collection Fais jaillir la vie, éditée par la CRER (cf le diaporama élaboré par Véronique Maury du service Foi-catéchèse).

Les chants liturgiques "classiques"

  • classiques : En-Calcat, Laval, Landevennec, Montmatre , Tamié , etc... sur des textes de la CFC, (cf. chaque soir, l’office sur RCF, à 22h30), mais aussi, dans notre diocèse, Bellefontaine, Les Gardes, Martigné, etc...
  • plus originaux : Taizé, Chevetogne, Keur-Moussa, Fraternités monastiques de Jérusalem.
  • populaires, au bon sens du terme : Berthier, Deiss, Gelineau, Lecot- Lourdes, etc
  • plus savants : Dieuaide, Dumas, Godard, Villeneuve et le parolier D.Rimaud, diffusés notamment par la revue « Voix Nouvelles » et Ancoli
  • plus rythmés : Akepsimas , Wackenheim et les Paroliers C.Bernard ou M. Scouarnec.
  • les chants de Sylvanès , de style Renaissance ou néobyzantin. Musique : A.Gouzes
  • les communautés nouvelles : Béatitudes, Chemin neuf, Emmanuel, Réjouis-toi, etc. Avec des chants festifs et rythmés mais aussi méditatifs ou contemplatifs.

Les chants des Abbayes

  • classiques : En-Calcat, Laval, Landevennec, Montmatre , Tamié , etc... sur des textes de la CFC, (cf. chaque soir, l’office sur RCF, à 22h30), mais aussi, dans notre diocèse, Bellefontaine, Les Gardes, Martigné, etc...
  • plus originaux : Taizé, Chevetogne, Keur-Moussa, Fraternités monastiques de Jérusalem.

Les chants sacrés "historiques"

Le Chant Grégorien avec, notamment, Solesmnes. (cf. catalogue « La Procure », p9)

La musique sacrée chantée : de Bach ou Vivaldi ... à Fauré ou Messiaen, sans oublier la chaleureuse musique orthodoxe comme « Les Vêpres » de Rachmaninov.
Guy Bonnet

"Chanter et jouer avec les Chanteurs chrétiens "

Assemblées dominicales ordinaires, fêtes paroissiales, temps forts, rassemblements de jeunes, occasions particulières etc... voilà une multitude de célébrations différentes dans lesquelles les chants, et principalement ceux des chanteurs chrétiens, sont présents.

Les équipes en charge des préparations de ces assemblées doivent choisir le répertoire selon différents critères : la fonction des chants dans la célébration (chant d’entrée, d’envoi, refrain de prières universelles...), la cohérence entre les textes chantés et la Parole proclamée, et enfin la réalité de l’animation musicale de la célébration. Ce dernier point doit être pris en compte. En effet, l’animateur de chant, l’organiste, le groupe instrumental ou l’ensemble vocal devra connaître le répertoire, ou du moins avoir les moyens de se l’approprier pour le porter auprès de l’assemblée.

Equipes de préparation, membres de l’animation musicale, assemblées des chrétiens : tous sont concernés par le chant, et c’est bien là la question du répertoire qui se pose.

Une communauté - un répertoire

Chaque paroisse, relais paroissial, mouvement de chrétiens possède son propre répertoire de chants qu’il s’est approprié au fil du temps, qui est repris régulièrement en assemblée et donnent une identité à ces communautés.

C’est en se déplaçant vers des communautés que l’on ne fréquente pas habituellement que l’on prend conscience de cela et que l’on découvre un répertoire pour nous inconnu, mais pourtant bien ancré ailleurs. La musique donne alors une identité propre à une communauté.

3 bonnes raisons de renouveler le répertoire

  1. Un répertoire qui se renouvelle est signe d’une Eglise vivante.
  2. Les chants liturgiques d’aujourd’hui, résisteront-ils à l’épreuve du temps ? Il semble raisonnable de penser que seuls quelques uns subsisteront et que d’autres viendront alimenter le répertoire pour quelques temps seulement ou s’installeront durablement au sein d’une communauté. Effet de mode ? Peut être un peu, mais signe aussi d’une Eglise qui vit avec son temps.
  3. Un répertoire qui se renouvelle donne du dynamisme aux musiciens et à l’Eglise Les membres de l’animation musicale, apprennent progressivement le répertoire. Au fil du temps, la reprise trop fréquente d’un chant, quelque soit sa qualité, peut devenir pour eux, et pour l’assemblée, routinière. Cette usure, ne permet pas de porter le chant et de lui donner sa vitalité nécessaire.
  4. Les chants liturgiques donnent à écouter la Bonne Nouvelle.
  5. Dans un chant, chaque auteur, compositeur, avec sa sensibilité, éclaire un des aspects de la Bonne Nouvelle. Ainsi, il témoigne, il rejoint les uns, questionne les autres... Puissent ces créations, avec leurs multiples regards, nous permettre d’approfondir notre foi.

Benoît Brangeon

Le choix des chants liturgiques à la cathédrale d’Angers

La paroisse cathédrale d’Angers est un lieu où la musique et le chant liturgique ont une place importante. Ceci est mis en œuvre par des acteurs :

  • Des chœurs : un chœur d’enfants avec l’Ecole Maitrisienne, un chœur d’adultes avec la Maîtrise de la cathédrale, deux chorales composées de membres autres.
  • Des groupes : un travaillant sur le répertoire grégorien, un composé d’instrumentistes « style communautés nouvelles », un s’exprimant davantage dans le mode « Gospel »
  • Un organiste titulaire des grandes orgues
  • Des animateurs liturgiques.

Le point commun de tous les acteurs est le service de la communauté. Dans ce service nous distinguons le choix du répertoire :

  • polyphonique dévolu aux chefs de chœurs.
  • des chants d’assemblée et le kyriale par la commission.
  • des pièces d’orgue par l’organiste

Pour les chants d’assemblée, j’ai rassemblée une équipe d’une dizaine de personnes. Les choses se préparent et se décident en équipe avec l’avis artistique de l’organiste titulaire. Le mode opératoire est le suivant pour une quinzaine de célébrations hors évènement particulier.

Avant la rencontre d’équipe, un « binôme », prépare des propositions à partir des publications spécialisées, et d’une base de données de partitions numérisées associée à des fichiers mp3. Ce « binôme » propose les chants de l’ordinaire qui resteront valides pour 7 à 9 dimanches et selon le temps liturgique. Ainsi, l’assemblée a le temps d’intégrer un kyrie ou agnus nouveau !

L’équipe se rencontre pour établir les choix avec une grande vigilance sur la qualité musicale, la cohérence théologiques et catéchétique des textes. Ce qui est traité est généralement : 1 chant d’entrée, 1 psaume, 1 chant de communion ou d’action de grâce.

Les choix faits, les programmes et les partitions sont communiqués à tous les acteurs, transmis aux rédacteurs du feuillet dominical. Le mode de communication se fait à 95% par internet. Les chefs de chœurs appliquent les choix faits, sachant qu’ils ont toute latitude pour ce qui n’est pas chant d’assemblée. Les animateurs ont communication des partitions. Chacun peut ainsi être « prêt » pour le dimanche où il est de service sans l’effet « dernière minute » si déplaisante et nuisant à la qualité.

Jean-Michel Heimst

Le chant grégorien

La présentation générale du Missel Romain, publiée en français sous le titre « L’Art de célébrer la Messe » insiste sur l’importance du chant au cours des célébrations.

Faisant écho au Concile Vatican II, le numéro 41 précise :
« Le Chant Grégorien, en tant que chant propre de la liturgie romaine, doit, toutes choses égales par ailleurs, occuper la première place ».

Le chant grégorien est un chant monodique : une seule ligne musicale chantée par l’ensemble des fidèles. Héritant de la version musicale de l’appel lancé par le Christ à ses disciples « afin que tous soient un » (Jean, 17,21), l’unité vocale de la communauté chrétienne lors d’un chant est un puissant moyen d’évangélisation.

Le chant grégorien est encore appelé « Bible chantée » de l’Église. Les compositeurs, pétris de l’ensemble de l’écriture sainte, ont trouvé inspiration dans la Bible. Ce commentaire lyrique de la Bible, cette « nourriture » musicale contribue à mieux nous pénétrer de la parole de Dieu, source de notre foi dans la grande Tradition de l’Église.

Jean-Paul II, à la suite de Saint Pie X, notait l’universalité du chant grégorien, école d’unité, d’accueil de l’autre, d’ouverture de l’âme à Dieu. En effet, personne ne peut s’approprier les compositions grégoriennes. Elles sont l’œuvre de l’Église, au service de l’Église.

Art forgé dans le cœur de l’Eglise, il est prière ; il n’est même que prière. À l’image des catéchismes de pierre que sont les tympans de nos églises, le chant grégorien est un « catéchisme musical » qui trouve un écho auprès de notre cœur, révélant nos véritables dimensions de créature de Dieu, de créature faite pour Dieu.

Le chant grégorien est une école de prière, de formation à la sainteté. Il rend manifeste notre louange au Dieu tout-puissant en élevant notre âme. Il est l’unité de l’Église dans le temps et dans l’espace, à travers les âges et à travers le monde. Le chant grégorien peut favoriser la mise en œuvre spirituelle du synode diocésain.
Par le chant grégorien, la joie céleste et missionnaire est à la portée du peuple de Dieu !

Claude Pateau

Le chant dans la communauté de l’Emmanuel

Ainsi, écrit le P. Uberall, dans Signes Musiques n° 83 , se diffuse un répertoire de plus en plus diversifié, alors que le souci des Evêques et du SNPLS, par l’édition des « Chants notés pour l’Assemblée » (CNA) , est de parvenir à un répertoire plus unifié ».Et le P. Uberall poursuit par une question : « Comment les chants retenus permettent-ils à l’Assemblée de chanter la liturgie ? », à laquelle on peut ajouter deux soucis constants : comment faire cohabiter plusieurs sensibilités musicales dans une Paroisse et, selon les Evêques « comment passer d’une expérience esthétique ou émotionnelle à la rencontre du Christ mort et ressuscité, le seul Sauveur » ?

S’il ne fallait retenir qu’un principe pour choisir les chants d’une célébration, sans doute devrait-on se référer au célèbre article n°112 de la Constitution sur la Liturgie : « La musique sacrée sera d’autant plus sainte qu’elle sera en connexion étroite avec l’action liturgique », i.e. les rites et les textes bibliques de la célébration. Alors, selon la réflexion commune de Frère Aloïs de Taizé et du Père M. Wittall de l’Emmanuel, « le chant sera un moyen d’évangélisation ».

« Ainsi, écrit le P. Uberall, dans Signes Musiques n° 83 , se diffuse un répertoire de plus en plus diversifié, alors que le souci des Evêques et du SNPLS, par l’édition des « Chants notés pour l’Assemblée » (CNA) , est de parvenir à un répertoire plus unifié ».Et le P. Uberall poursuit par une question : « Comment les chants retenus permettent-ils à l’Assemblée de chanter la liturgie ? », à laquelle on peut ajouter deux soucis constants : comment faire cohabiter plusieurs sensibilités musicales dans une Paroisse et, selon les Evêques « comment passer d’une expérience esthétique ou émotionnelle à la rencontre du Christ mort et ressuscité, le seul Sauveur » ?
S’il ne fallait retenir qu’un principe pour choisir les chants d’une célébration, sans doute devrait-on se référer au célèbre article n°112 de la Constitution sur la Liturgie : « La musique sacrée sera d’autant plus sainte qu’elle sera en connexion étroite avec l’action liturgique », i.e. les rites et les textes bibliques de la célébration. Alors, selon la réflexion commune de Frère Aloïs de Taizé et du Père M. Wittall de l’Emmanuel, « le chant sera un moyen d’évangélisation ».